Il n’y a pas qu’Astérix et Obélix dans la vie. Pour éviter de vous perdre au rayon BD, Le Conseil Malin a sélectionné pour vous le meilleur de la bande dessinée française et étrangère. Promis, il y en aura pour tous les goûts.
Les critères incontournables de Conseil Malin
Le genre
Dans le Neuvième art, il y a tout d’abord la BD, ouvrage illustré de vignettes dessinées où le texte n’est pas essentiel comme dans Gaston Lagaffe. Vient aussi le roman graphique qui s’adresse davantage aux adultes avec des histoires plus longues et plus sérieuses comme Coming In d’Élodie Font et Carole Maurel.
Il y a également le manga, la bande dessinée qui répond aux codes de création inventés par les dessinateurs nippons. Et puis le comic book, créé aux États-Unis comme Superman.
Le thème
L’univers de la BD est riche et sans limite. Vous pouvez donc voyager dans des mondes différents au gré des histoires : de l’aventure à l’humour en passant par la politique, le policier, l’histoire, la science-fiction, l’horreur ou les super héros.
L’âge du lecteur
Pour les tout-petits, la BD est un excellent moyen d’introduction à la lecture en mêlant le plaisir des images et l’apprentissage de la lecture notamment avec les livres de SamSam.
Mais il y a aussi des romans graphiques, plus sophistiqués, qui attireront certainement davantage les adultes comme Mon père cet enfer ou Simone Veil, l’Immortelle. Et puis, il y a ces BD qui nous suivent toute une vie à l’instar d’Astérix, Spirou ou Lucky Luke.
Le plaisir des yeux
Si ce n’est pas forcément le critère de sélection indispensable pour les lecteurs qui ont surtout envie d’être transporté par une histoire, il n’empêche que les bédéphiles sont extrêmement sensibles à ce qui fait l’essence du neuvième art : le dessin.
Avec des livres comme Blacksad, Quelque part entre les ombres, on arrive à un monument de sophistication avec des dessins sublimes et une histoire passionnante.
Les modèles choisis par Conseil Malin
- Le meilleur rapport qualité-prix : Culottées l’intégrale de Pénélope Bagieu
- Coup de cœur : Fun Home d’Alison Bechdel
- Made in France : L'Arabe du futur de Riad Sattouf
- L’écolo : Algues vertes, l’histoire interdite d’Inès Leraud
- Le haut de gamme : Les riches au tribunal de Monique et Michel Pinçon-Charlot
- Pour les plus jeunes : Anatole Latuile d’Olivier Muller, Anne Didier et Clément Devaux
Le meilleur rapport qualité-prix : Culottées l’intégrale de Pénélope Bagieu
Atouts
- Deux tomes en un livre
- Pour tous les âges
- Portraits de femmes très différentes
- Donne de la visibilité à des personnages oubliés
- Instructif
- Drôle
- Prix Eisner 2019 du meilleur livre étranger
Les points faibles
- Pas d’histoire mais une succession de portraits
Si vous pensez que l’intégrale des Culottées revient sur l’invention de la culotte, passez votre chemin.
Pénélope Bagieu, la super star française de la BD, a dessiné et écrit ces deux tomes avec l’ambition totalement affirmée de faire découvrir des femmes au destin singulier mais oubliées par l’Histoire.
Ce qui les distingue ? Il suffit de se référer au sous-titre du livre pour comprendre la démarche de la dessinatrice « Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent ».
Une guerrière apache, une rappeuse afghane, une gynécologue, une gardienne de phare, une femme à barbe, une volcanologue… La Parisienne ambitionne d’inspirer les jeunes filles et les femmes en racontant des femmes qui ont repoussé les limites de ce qui leur était imposé par leur société.
Des quatre coins du monde, à différents moments de l’histoire, ces trente portraits dessinent les vies de femmes hétéro, gay, bi, trans, toutes effrontées parce qu’elles ont résisté à l’adversité et aux barrières imposées par un monde phallocentrique.
Avec son coup de crayon pétillant, créatif et fantaisiste, l’autrice déploie la vie de ces héroïnes sur 2 ou 3 pages. Même si elle parvient admirablement à synthétiser les faits marquants, les plus curieux pourraient regretter un développement plus en profondeur.
Peu importe, cette encyclopédie féminine et féministe est passionnante à l’instar de la vie de Mae Jamison, première femme astronaute noire.
Énorme succès en librairie avec 300 000 exemplaires vendus, la BD de Pénélope Bagieu a également reçu en 2019 le prestigieux prix Eisner (les Oscar de la BD) du meilleur livre étranger.
Culottées est devenu un classique du genre, un livre d’utilité publique pour endiguer les clichés et le sexisme. Le livre parfait pour se mettre à la BD.
Dans notre recherche, nous avons également sélectionné l’intégrale de Watchmen de Dave Gibbons et Alan Moore. Culte, le comic book est un roman uchronique au scénario original. 1985. Les États-Unis ont gagné la guerre du Vietnam, Richard Nixon est toujours président. Les super-héros se cachent et la troisième guerre mondiale menace. Chef d’œuvre du genre, c’est d’ailleurs la seule BD qui figure parmi les 100 meilleurs livres du XXe siècle par le magazine Time.
Première bande-dessinée venue d’Iran, les 4 tomes de Persepolis racontent l’histoire de Marjane Satrapi. Née en Iran dans une famille cultivée et engagée politiquement, elle connaît le régime autocratique du Shah puis la révolution islamique des mollahs qui emprisonne des proches de sa famille. Envoyée en Autriche, la jeune fille doit alors faire face à une autre forme de discrimination.
L’univers des 3 tomes de Transperceneige de Benjamin Legrand, Jacques Lob et Jean-Marc Rochette nous plonge dans un futur post-apocalyptique coincé dans un hiver éternellement gelé. Dans le Transperceneige, train ultra rapide, des survivants se cloîtrent en répétant les schémas sociaux d’antan : les riches à l’avant et les pauvres à l’arrière. Un petit bijou de science-fiction adapté au cinéma par le Coréen Bong Joon-ho.
Autant le dire, l’intégrale Maus de Art Spiegelman est un pur chef d’œuvre. À travers l’histoire de son père, juif polonais enfermé dans le ghetto de Varsovie puis déporté à Auschwitz, l’auteur dessine la Shoah. Un livre magistral et singulier puisque les personnages sont incarnés par des animaux : les Juifs sont des souris, les Polonais des cochons et les nazis des chats. À ce jour, Maus est la seule BD à avoir obtenu le prix Pulitzer.
Coup de cœur : Fun Home d’Alison Bechdel
Atouts
- Autobiographie passionnante
- Drôle et tragique à la fois
- Roman sur la mémoire et les non-dits
- Aborde la mort, l’homosexualité, l’identité
- Meilleur livre de 2006 pour the New York Times
- L’un des meilleurs livres des années 2000 par the London Times
Les points faibles
- Le sujet est sombre
Alison Bedchel a grandi dans une petite ville de Pennsylvanie, fascinée par son père Bruce, prof d’anglais et gérant du salon funéraire de la famille. Tyrannique et froid mais cultivé et raffiné, il meurt à l’âge de 44 ans.
Dans cette autobiographie graphique, l’autrice revient sur son enfance et son adolescence, marquées par la figure paternelle et ses obsessions, les secrets, la littérature et la mort.
En décortiquant les mécanismes complexes de la dynamique familiale, Alison Bedchel revient aussi sur la découverte de son homosexualité.
Émaillé de flashbacks incessants, le livre s’interroge en parallèle sur l’homosexualité cachée de son père qui fit de lui un homme distant et le conduisit au suicide selon la dessinatrice. Malgré un sujet tragique, l’autrice réussit à distiller douceur et humour tandis que son dessin, en noir et blanc bouleverse avec sa fausse simplicité et son sens du détail.
Avec subtilité et intelligence, Fun Home parvient à brosser le portrait d’une famille asphyxiée par ses secrets tout en menant une profonde réflexion sur les genres sexuels et l’homosexualité, assumée ou refoulée.
Alison Bedchel a mis sept ans pour écrire ce livre majeur sur l’identité.
Chef d’œuvre du genre, succès critique et public, Fun Home a été élu meilleur livre de l’année par le New York Times et fait partie des meilleurs livres des années 2000 pour le London Times. À juste titre.
Dans notre recherche, nous avons également choisi La Cellule de Soren Seelow, Kévin Jackson et Nicolas Otero. Lauréat du Prix France Info de la BD d’actualité et de reportage, le roman graphique retrace l’itinéraire de la cellule islamiste qui ensanglanta Paris, le 13 novembre. Le livre suit la traque du chef de la cellule tout en décrivant les préparations des attentats en Syrie jusqu’à l’infiltration des terroristes en Europe. Passionnant mais glaçant.
Le best-seller Sapiens, la naissance de l’humanité de Yuval Noah a été adapté en bande dessinée et c’est une bonne nouvelle. L’occasion de découvrir l’histoire de nos origines et de se souvenir que nous venons tous du continent africain. Pédagogue et ludique, l’ouvrage retrace également l’évolution de l’homme et son impact sur la planète.
Avec Noire, la vie méconnue de Claudette Calvin, Tania de Montaigne nous plonge dans le sud ségrégationniste des États-Unis. Et révèle l’histoire méconnue de Claudette, une jeune adolescente noire de 15 ans qui refuse de laisser sa place à une passagère blanche quelques mois avant Rosa Parks. Courageuse, elle ira même jusqu’à attaquer la ville d’Alabama en justice.
Voyage au cœur du mal avec Kersten, le médecin d’Himmler de Patrice Perna et Fabien Bedouel qui revient sur une histoire vraie incroyable. En 1939, le Finlandais Félix Kersten soulage les maux de Himmler grâce à ses massages thérapeutiques et devient son confident.
Plongé dans cet univers infernal jusqu’en 1945, le médecin profondément anti nazi convainc le bourreau SS de libérer des personnes arrêtées par la Gestapo. En 1947, le Congrès juif mondial assurait que Felix Kersten aurait sauvé « 100 000 hommes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs […] au péril de sa propre vie ».
Made in France : L'Arabe du futur de Riad Sattouf
Atouts
- Autobiographie incroyable
- Le personnage principal très attachant
- La vie en Syrie en Libye dans les années 80/90
- Le choc des cultures
- Les personnages secondaires
- L'humour
Les points faibles
- Le dessin peut déplaire
En France, Riad Sattouf est une superstar de la BD depuis la parution de Pascal Brutal et La Vie secrète des jeunes. De plus en plus d’auteurs de BD racontent leurs histoires personnelles, mais avec L’Arabe du Futur, on est proche du phénomène culturel.
La saga de Riad Sattouf, qui comprend jusqu’à présent cinq volumes, revient sur ses origines, son enfance et son adolescence, le tout totalement atypique.
Son père est Syrien, docteur en histoire, sa mère est bretonne. Né à Paris, le petit Riad passe ses vacances en Bretagne chez ses grands-parents mais il grandit en Libye et en Syrie dans un village paumé et rural où le petit blond à bouclettes fait tache.
L’occasion pour le dessinateur de régaler le lecteur d’anecdotes plus ou moins cocasses mais très intéressantes sur un pays que l’on connaît assez peu.
Si certains peuvent trouver que le dessin de Sattouf manque de sophistication, son style simple et ultra-maîtrisé lui permet pourtant de croquer admirablement bien la culture orientale, les traditions familiales, la frustration grandissante de sa mère et la grandiloquence de son père.
Les volumes suivants, tout aussi passionnants, évoluent au gré des années qui passent avec un Riad, témoin désabusé d’un père de plus en raciste et religieux.
Tour à tour naïf, touchant et drôle, l’histoire de Riad a quelque chose d’universel : le regard d’un enfant sur ce qui l’entoure, la désacralisation des parents et l’impact des origines.
Pour preuve, le tome 1 s’est déjà vendu à trois millions d’exemplaires en France et est traduit en 22 langues. Une saga addictive à dévorer en famille.
Dans notre recherche, nous avons également choisi Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne. Pas besoin d’être passionné par les étoiles pour dévorer cet ouvrage qui raconte avec beaucoup d’humour, le parcours de Thomas Pesquet, spationaute et chouchou des Français. L’occasion de savoir enfin comment fonctionnent les toilettes dans l’espace et de revenir sur quelques étapes importantes de la conquête spatiale.
Avec La Colère de Fantômas, on est très loin de la trilogie ciné des années 60. Dans cet ouvrage, Olivier Bocquet et Julie Rocheleau réinventent les péripéties du roi du crime. Paris 1911, Fantômas a été jugé et exécuté. Comment est-il alors possible que le criminel assassine acteurs et spectateurs lors d’une représentation théâtrale ? Une BD très noire mise en scène par des dessins sublimes.
Adapté du roman éponyme de Martin Winkler, Le Chœur des femmes d’Aude Mermilliod nous emmène dans un service de gynécologie. À travers les yeux d’une jeune interne en médecine et de son mentor, on apprend l’intime du corps féminin et les émotions qui accompagnent un avortement, un examen gynécologique, la contraception ou l’intersexualité. Pédagogique, passionnant, touchant, un livre à lire absolument.
Lauréate du prix Goncourt pour son roman Chanson Douce, Leïla Slimani se met à la BD avec À mains nues, dessinée par Clément Oubrerie. Le livre évoque la vie de Suzanne Noël, médecin et pionnière de la chirurgie esthétique à une époque où les femmes portaient encore le corset. Personnage remarquable, elle réparait les gueules cassées, les soldats défigurés par la guerre de 14-18 et se battait pour le droit de vote des femmes. Une vie passionnante et une réflexion sur le pouvoir du corps et de la beauté.
Quai d’Orsay, Chroniques diplomatiques de Christophe Blain nous ouvre les coulisses de la diplomatie française et les méandres kafkaïens de la politique. Inspiré des aventures d’Antonin Baudry lorsqu’il travaillait au ministère des Affaires étrangères, la BD relate le quotidien d’Arthur, un jeune conseiller, chargé d’écrire les discours du ministre qui ressemble fortement à De Villepin.
Caustique et réjouissante à souhait, elle a été adaptée au cinéma avec Thierry Lhermitte dans le rôle du diplomate grandiloquent.
L’écolo : Algues vertes, l’histoire interdite d’Inès Leraud
Atouts
- Enquête sur les algues vertes toxiques en Bretagne
- Dénonce une crise sanitaire
- Inspiré de faits réels
- Se lit comme un polar
Les points faibles
- Beaucoup d’informations à digérer
Attention, livre choc. Avec Les Algues vertes, la journaliste livre les résultats de sa longue enquête sur le fléau des algues vertes qui envahissent certaines plages de Bretagne. Pierre Van Hove dessine l’investigation incroyable mais vraie de la toxicité de cette algue et de l’omerta qu’elle engendre dans la région.
À partir de documents officiels, de cas concrets et d’interviews avec les principaux protagonistes de la région, Inès Leraud explique la dangerosité du phénomène et revient sur l’origine des algues vertes : l’après-guerre, le Plan Marshall et le début de la transformation profonde, baptisé « le remembrement » pour faire de la Bretagne, la championne absolue de l’agroalimentaire français.
Si les retombées économiques sont fracassantes, les conséquences de l’agriculture intensive et de l’élevage hors sol sont considérables et expliquent l’apparition de cette algue verte, polluante et potentiellement meurtrière.
Pourtant, malgré les alertes de médecins, scientifiques et militants écologistes, les autorités sanitaires, les préfets et les politiques font la sourde oreille. Car concéder la toxicité mortelle de l’algue verte est une menace pour l’économie de la région, les emplois et le tourisme.
La journaliste démontre d’ailleurs la puissance du lobby breton et explique le déni de toute l’industrie agro-alimentaire.
L’enquête qui se lit comme un polar est passionnante et très dense. Si dense d’ailleurs qu’elle nécessite de marquer des pauses tant les informations se bousculent.
Ces interruptions permettent aussi de calmer la frustration grandissante devant l’immobilisme affiché des industriels et des politiques face un problème de santé publique.
Dans notre recherche, nous avons également sélectionné Fukushima, Chronique d’un accident sans fin de Bertrand Galic et Roger Vidal, le récit minutieux des premiers jours au sein de la centrale nucléaire. Tandis que le pays vacille, le directeur de Fukushima, Masao Yoshida et ses équipes tentent de stopper la catastrophe. Jusqu’au jour où un incendie éclate, obligeant à l’évacuation des employés du site…
La Baleine blanche des mers mortes d’Aurélie Wellenstein et Olivier Boiscommun imagine un monde devenu désert où l’eau a complètement disparu. Soudain, une marée de fantômes de poissons morts revient hanter les humains. Illustrée par des dessins oniriques, une fable futuriste et alarmante sur la pollution causée par l’homme et son dédain pour la planète.
BD en noir et blanc, Saison brune de Philippe Squarzoni suit les interrogations de l’auteur autour du réchauffement climatique. Face à la complexité de la question qu’il ne maîtrise pas, il commence alors une enquête qui durera six ans. Un éclairage passionnant et pédagogique de 477 pages, ponctué de réflexions, de questionnements et d’éclairages scientifiques.
Et nos lendemains seront radieux de Hervé Bourhis prouve que l’écologie est aussi un excellent matériau de fiction. Frère et sœur, Sylvain et Camille sont conseillers politiques. À la faveur d’un orage, ils prennent la présidente de la République en otage. Leur but ? Obliger les dirigeants et le pays à mener une véritable politique écologique pour préserver la planète.
Le haut de gamme : Les riches au tribunal de Monique et Michel Pinçon-Charlot
Atouts
- Suit le procès Cahuzac
- Aborde les privilèges de classe
- Décrypte les mécanismes de la fraude fiscale
- Écrit par deux sociologues
- Drôle
- Dessins caricaturaux
Les points faibles
- Manque parfois de nuance
Sociologues, le couple Pinçon-Charlot a fait « des riches » son fond de commerce. Après Riche, pourquoi pas toi ? ou encore La violence des riches, le duo mari et femme se sert du procès Cahuzac pour décrypter, en BD, les mécanismes de la fraude fiscale.
En s’appuyant sur l’exemple de l’ancien ministre du Budget qui avait caché l’existence de son compte en banque suisse, Les riches au tribunal aborde les privilèges de classe et un système qui permet aux plus riches de commettre de tels crimes et de se protéger les uns et les autres.
Illustré de dessins caricaturaux, l’ouvrage fait preuve de pédagogie pour décrire la pratique organisée autour de la fraude fiscale ou comment ne pas payer d’impôts quand on gagne vraiment beaucoup d’argent. Une fraude fiscale qui s’élèverait à 100 milliards d’euros en France et qui servirait à couvrir le déficit budgétaire du pays selon les auteurs.
Si la démonstration est claire et teintée d’une bonne dose d’humour, le propos des sociologues de la classe dominante peut parfois sembler manichéen.
En se présentant comme de gentils qui s’élèvent contre d’arrogants criminels, ils se caricaturent eux-mêmes et la dimension sociologique de leur propos en jetant l’élite sociale dans le même panier de parvenus corrompus.
Certes, la démonstration du couple force à reconnaître que le système ne fonctionne pas mais oublie de signaler que la fraude n’est pas qu’un mal français. Sans oublier que la malhonnêteté avérée de Cahuzac est aussi symptomatique du rapport très complexe des Français à l’argent.
Dans notre recherche, nous avons également sélectionné Largo Winch de Jean Van Hamme. À la mort de son père adoptif, Largo hérite de l’entreprise familiale, une multinationale qui gagne des milliards. Le milliardaire à la mâchoire carrée navigue alors dans l’univers opaque de la haute finance tout en parcourant le monde avec ses deux meilleurs amis.
Pour les enfants, le milliardaire le plus célèbre du monde, c’est bien évidemment ce canard radin habillé d’un haut-de-forme. Dans Oncle Picsou de Don Rosa, on se délecte des aventures de Balthazar Picsou, des mines d’or de l’Ouest américain au manoir McPicsou où l’oncle de Donald Duck aime prendre un bain dans sa piscine d’or.
Édité par Fluide Glacial, La planète des riches de Mo/CDM imagine une station spatiale totalement déjantée où se réfugient les Terriens les plus fortunés. Pour faire partie du Club Diamant, il faut avoir amassé un milliard de dollars. Le hic ? Comment vivre dans cet entre soi sans petit personnel pour mettre la table ?
Pour beaucoup, Iron Man c’est le héros super riche et tête à claques des films Marvel. Dans les mains du cultissime Stan Lee et des dessinateurs Jack Kirby et Don Heck, on retrouve avec plaisir le playboy milliardaire et génial inventeur dont l’arrogance n’a d’égal que son courage.
Pour les plus jeunes : Anatole Latuile d’Olivier Muller, Anne Didier et Clément Devaux
Atouts
- À partir de 6 ans
- Les bêtises des enfants
- Les personnages secondaires
- Les blagues
- Idéal pour commencer la lecture
Les points faibles
- Un peu court
- Ressemble à Tom-Tom et Nana
Élève de primaire très attachant, Anatole Latuile accumule les bêtises, enfermées dans son cerveau à l’imagination débordante.
Chaque livre rassemble plusieurs récits de 6 pages environ, soit une idée farfelue par histoire. Évidemment, l’idée géniale du début se termine toujours par une grosse bêtise. Bref, il pourrait être le cousin Tom-Tom et Nana.
Passer une visite médicale avec un faux carnet de santé, embaucher son meilleur copain comme professeur de soutien, peindre en vert une jument ou organiser un goûter hanté.
En imaginant toutes les âneries d’Anatole, les auteurs offrent une vraie soupape de décompression qui permet aux enfants de fantasmer sur tout ce qu’ils ne s’autorisent pas à faire.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Bayard a sorti un jeu basé sur le héros, baptisé Bêtises Express…
Les jeunes lecteurs se réjouiront également de cette représentation cocasse de la vie en classe, dans la cour d’école ou à la maison. Mais le livre ne vaut seulement le détour pour Anatole, le farceur chevelu.
La galerie de personnages récurrents est tout aussi attachante : la bande de copains Jason, Ulysse et Achille, Madame Goulominoff la maîtresse à la patience d’ange, Olympe, la première de la classe insupportable ou encore Henriette, la copine prête à tout aider pour aider Anatole.
Drôle, facile à lire pour les enfants qui commencent la lecture, la série des Anatole pourrait cependant lasser les jeunes lecteurs plus aguerris. C’est en tout cas un excellent moyen de se mettre à aimer la lecture tout en riant.
Dans notre recherche, nous avons également sélectionné Les Aventures de Tintin d’Hergé. Impossible de passer à côté du reporter à la houpette, entouré d’une galerie de personnages absolument géniaux : l’impétueux capitaine Hadock, l’étourdi professeur Tournesol, les cocasses Dupond et Dupont et le fidèle Milou. Si certains ouvrages supportent moins bien le poids des années à l’instar de Tintin au Congo ou Tintin en Amérique, il n’en reste pas moins que Tintin reste un classique absolu du genre.
Dès 3 ans, les enfants et leurs parents peuvent découvrir Mes deux mamans de Bernadette Green et Anna Zobel. Livre solaire et d’une magnifique justesse, il explore l’homoparentalité par le biais du quotidien d’Elvi. À mille lieues des clichés, la BD se place du point de vue de la fillette et démontre qu’un enfant profondément aimé est armé pour la vie.
Conseillé par les profs d’histoire, Les Enfants de la Résistance de Vincent Dugommier et Benoît Ers suit le quotidien de trois ados français pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans leur petit village occupé par les Allemands, Lisa, Eusèbe et François décident à leur manière de résister à l’occupant. Un livre indispensable au moment où certains minimisent cette période de notre histoire.
Dans Mauvais sang de Loïc Clément et Lionel Richerand, Tristan est un vampire millénaire qui ressemble à un petit garçon de 8 ans. Terriblement angoissé par le monde extérieur, ce petit Nosferatu se sent aussi bien seul. Sa vie prend un nouveau tournant au contact d’Aurore, maman d’une famille d’accueil. Au contact de cette femme solaire et sa joyeuse marmaille, le petit vampire trouve un moyen de dépasser ses craintes. Un très bel album qui se met à hauteur d’enfants pour chasser leur peur.
Conclusion
Désormais, la BD n’a plus de secret pour vous et vous allez désormais pouvoir vous constituer une vraie bédéthèque. Si vous avez la fibre écolo, foncez sur Algues vertes, l’histoire interdite à moins que vous n’ayez envie de vous immerger dans une autobiographie bouleversante ?
Dans ce cas, ne boudez pas votre plaisir avec Fun Home. Et puis, si vous avez envie de rires et d’émotions, jetez-vous sur L’Arabe du Futur. Bonne lecture !
Il y a ceux qui lisent des BD pour le plaisir. Et puis, il y a les fans absolus qui sont prêts à dépenser des fortunes. La preuve. À sa sortie en 1938, le numéro 1 d’Action Comics, la BD qui révèle les débuts de Superman, valait 10 cents. En 2014, cet exemplaire a été vendu pour la somme colossale de 3,2 millions de dollars. Début 2021, une esquisse dessinée par Hergé pour Le Lotus Bleu a été vendue aux enchères pour 3,2 millions d’euros. Morale de l’histoire : quand on aime, on ne compte pas.